La discipline de la parole.

Dire moins, dire juste, dire vrai. Ne pas promettre ce qu’on ne veut pas construire.

EVEIL QUOTIDIEN

Parfait OUATTARA

12/4/20254 min temps de lecture

Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie. -- Proverbes 4:23

Comme le Couvreur doit obéir aux ordres du 2nd S:., de même nos propos sont soumis à ce qu’il y a dans notre cœur. Le Christ Jésus l’illustre très bien lorsqu’il dit : « C'est de l'abondance du cœur que la bouche parle. » (cf. Luc 6:45).

C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles le Maçon souhaite graver, de manière indélébile dans son cœur, les commandements sacrés de la Vérité, de l’Honneur et de la Vertu. Car si le cœur est mal gardé, la parole finit tôt ou tard par trahir le désordre intérieur.

1. Dire moins : la force du silence

Dans un monde où tout s’affiche, se commente et se partage, la parole est souvent devenue un réflexe automatique : on parle pour combler le vide, pour se rassurer, pour exister.

Pourtant, la sagesse spirituelle enseigne autre chose : il nous a été enseigné la prudence dès notre naissance : ne dire ou n’épeler que la moitié, et seulement à une personne bien connue, strictement tuilée et approuvée.

Autrement dit :

  • Tout ne se dit pas.

  • Ce qui se dit ne se dit pas à tout le monde.

  • Et ce qui se dit doit être pesé avant d’être donné.

Dire moins, ce n’est pas être timide ou effacé.
C’est reconnaître que chaque mot engage quelque chose de toi : ton honneur, ta paix, ta vérité intérieure.

Parfois, le silence est plus fort qu’un long discours.
Parfois, se taire, c’est garder l’essentiel intact.

2. Dire juste : la parole comme outil de précision

Une parole disciplinée n’est pas une parole qui se tait tout le temps.
C’est une parole qui vise juste.

Dire juste, c’est se poser trois questions simples avant de parler :

Est-ce vrai ?
Si ce n’est pas vrai, ou seulement à moitié vrai, la parole est déjà faussée.

Est-ce utile ?
Même si c’est vrai, est-ce nécessaire de le dire maintenant, à cette personne, dans ce contexte précis ?

Est-ce ajusté ?
Le ton, le moment, la manière : est-ce que je parle pour éclairer ou pour écraser ? Pour guérir ou pour blesser ?

Une vérité mal dite peut faire plus de dégâts qu’un mensonge.
Une remarque juste, mais balancée sans délicatesse, peut décourager là où elle devait corriger.

La discipline de la parole, c’est transformer la bouche en outil de précision, pas en marteau qui frappe tout ce qu’il rencontre.

3. Dire vrai : ne pas promettre ce qu’on ne veut pas construire

La parole la plus dangereuse n’est pas toujours l’insulte.
Souvent, c’est une promesse légère.

Chaque fois que tu dis :

« Je vais le faire »,
« Je serai là »,
« Compte sur moi
»

sans intention réelle de le construire derrière, tu crées une fissure invisible :

  • dans la confiance que l’autre place en toi,

  • et dans la confiance que tu as en toi-même.

À force de dire ce que tu ne fais pas, tu finis par ne plus croire toi-même à ta propre parole.

Dans la perspective initiatique, parler, c’est bâtir :

  • Un oui sincère est une pierre posée.

  • Un non clair est un mur bien dessiné.

  • Une promesse vide est un trou dans les fondations.

La discipline de la parole te demande un courage simple : ne promets pas ce que tu n’as pas l’intention de construire.

Il est toujours plus honnête de dire :

« Je ne peux pas m’engager là-dessus »,
« J’ai besoin de réfléchir »,
« Ce n’est pas possible pour moi en ce moment »

que de jouer avec la confiance des autres.

4. Pratique du jour : simplifier, ajuster, aligner

Pour vivre la discipline de la parole aujourd’hui, voici une pratique en trois temps :

a) Simplifier
Choisis un moment de la journée (réunion, discussion, groupe WhatsApp, famille…).
Décide consciemment de parler moins, mais de parler vrai.
Avant d’ouvrir la bouche, demande-toi :

« Est-ce vraiment nécessaire que je parle maintenant ? »

b) Ajuster
Pendant la journée, repère un moment où tu dois donner un avis, une remarque, un refus.
Prends une seconde intérieure pour ajuster ta parole :

« Comment dire la vérité sans humilier ? »
« Comment dire non sans blesser inutilement ? »

c) Aligner
Avant de promettre quoi que ce soit aujourd’hui :

  • Fais une courte pause intérieure.

  • Demande-toi : « Ai-je vraiment l’intention et les moyens de tenir ce que je m’apprête à dire ? »

Si tu sens un doute, ne promets pas. Reformule honnêtement.

5. Conclusion : faire de sa parole un lieu de confiance

La discipline de la parole, ce n’est pas avoir peur de parler.
C’est faire de ce que tu dis un espace sacré :

  • Dire moins : sortir du bavardage qui épuise.

  • Dire juste : chercher l’exactitude plutôt que la dispersion.

  • Dire vrai : laisser ta parole refléter ton cœur, et non ton masque.

Peu à peu, ta parole deviendra comme une signature :
Quand tu parleras, les autres sauront que tes mots sont pesés, sincères, fiables.

En ce jour, tu peux prendre, en silence, cet engagement discret :

« Aujourd’hui, je veux que ma parole soit sobre, juste et vraie.
Je refuse de promettre ce que je ne veux pas construire.
Je veux que ma bouche honore la lumière que je cherche à servir.
»

Et souviens-toi : La vraie puissance ne se mesure pas à la quantité de paroles prononcées, mais à la paix que laisse chacune d’elles derrière elle. 🌾